Saison alpine 2024Petit tour de chauff’ au Schlossberg avec Matt, mon coéquipier. Après avoir usé du Wenden et d’autres coins pendant des années, nous sommes d’avis que cette énorme paroi imposante, méconnue et peu fréquentée, possède encore de quoi faire briller nos yeux.
17 au 19 juillet, suite du périple dont je vous ai parlé l’automne passé en compagnie d’Adrian, un écolier passionné qui a fait de l’escalade « trad » son projet individuel de fin de scolarité. Moyennant une bonne approche, nous avons trouvé une belle longueur en fissure, perchée au milieu de nulle part, entre les cols du Grimsel et de la Furka. L’idée est d’essayer d’ouvrir une voie qui parcourt l’intégralité de cette face sud du Vorder Gärstenhorn 3166m où se trouvent deux itinéraires, respectivement de 1969 et 1971. Un troisième compagnon, Léon, 14 ans, se joint à nous. Aussi, en vue de raccourcir quelque peu la marche d’approche par rapport à l’année passée, nous sommes partis cette fois du belvédère du glacier du Rhône, près du col de la Furka. Deux portages ont occupé la journée pour installer un petit camp de base dans un super spot ; de quoi vivre la « vraie vie ». Puis, c’est toujours dur quand le réveil sonne alors qu’il fait encore nuit. Mais la motivation est gonflée à bloc, le petit muesli fait « maison » avalé, nous décollons. Avec le poids des sacs, il faut tout de même 2 heures pour atteindre le pied de l’objectif ; Grimsel ou Furka ? Même combat, il faut vraiment avoir envie de venir ici. A pied d’œuvre, la première longueur très « montagne » de l’an passé présente aujourd’hui une tout autre allure avec une langue de neige qui monte très haut ; une seconde, facile, nous pose au pied de la fissure d’Adrian. Ce dernier s’y attelle et s’en sort de manière efficace à l’aide de quelques pas d’artif. Avec Léon, nous la nettoyons en second ; il s’agit, probablement d’un 7a avec un crux un peu dalleux au départ, près des deux uniques spits de la longueur. Pour le matos, en plus des friends, le marteau et quelques lames sont fortement recommandées. Puis vient la suite, je m’y colle, avec la machine au baudrier. Hélas, la ligne qui me semble belle est faite de grandes plaques creuses sur lesquelles le son du marteau n’inspire guère confiance. J’essaye ailleurs, parviens tout de même à grimper une quinzaine de mètres, pour abandonner à cause du bruit de chuintement qui indique que les pitons et peckers décollent les plaques ; on n’a pas idée de vouloir grimper dans du mille-feuille, même les spits sont douteux. Retour, ce projet ne vaut peut-être pas la chandelle. Je propose à Adrian de tenter d’enchaîner sa longueur en fissure pour meubler le reste de l’après-midi, ce qui le motive fortement. Malheureusement, il n’y parvient pas. Ce sera pour une autre fois s’il le veut vraiment ; quand il sera majeur, il pourra même virer les 2 spits et planter des lames à la place. Mais je pense sincèrement qu’il va croiser tant d’autres fissures au cours de sa vie future de grimpeur qu’il va vite oublier celle-là… Retour au camp de base afin de se délecter de l’endroit, manger un excellent risotto aux bolets et fromage ;-), en sachant que l’on pourra dormir un peu plus longtemps demain. Malgré le fait de renoncer, nous avons passé, tous les 3, une excellente et éprouvante journée en montagne. Soit on réussit, soit on apprend, n’est-ce pas ? Après une bonne nuit, il faut lever le camp, nous atteignons la voiture avec tout notre chargement en fin de matinée ; le temps d’aller placer quelques friends au Dôme de la Marée, accessible en 20 minutes de marche. C’est tout d’abord la classique « Riss » qu’Adrian avale en courant et que Léon grimpe 2 fois, puis la fissure à droite de la sortie du tunnel, vraisemblablement « Seekamel » selon le premier « Schweiz Extrem » de 1989. Une magnifique fissure qui mériterait un petit nettoyage ainsi qu’un beau relais « inox » afin de lui redonner sa juste valeur. Adrian, qui comme à son habitude, bétonne ses assurages, a utilisé 2 racks de Camalots 0,2 à 3 et quelques rocks. Voilà, malgré les 35 ans qui nous séparent, c’était un plaisir de grimper avec cette jeunesse fougueuse et motivée. Je leur souhaite une belle carrière de montagnards, sans casse. Ca me rappelle plein de trucs, quand, à leur âge, je pouvais m’encorder avec celui-ci ou celui-là lors des soirées des « mardistes », puis lors de nombreux week-ends où nous allions taquiner l’Alpe. Et qui sait, peut-être que, un de ces 4, nous reformerons cette sympathique cordée de 3 ?
Mönch par le Nollen & Jungfrau C’est avec un autre Nico, de 22 ans, apprenti alpiniste, que je prends le chemin de l’Oberland en ce samedi 13 juillet. Enfin la météo permet de réaliser ce qui était planifié dans l’agenda, sans devoir tergiverser et annuler des réservations en refuge. Comme les condis de neige sont top cette année, on fonce, pour sa deuxième course en montagne, vers le Nollen du Mönch. C’est le week-end, il y a 20 autres prétendants qui s’entassent dans la petite cabane Guggi, heureusement gardiennée. Traversée des Gastlosen, de l’Eggturm au col des Moutons Une fois n’est pas coutume, on enclenche le plan B pour sauver la sortie prévue ; de 3 jours, elle passe à un seul, c’est déjà ça d’autant que la météo est belle pour ce lundi 8 juillet. Pour moi, malgré les dizaines et dizaines de fois que je suis venu par-là, c’est toujours un grand plaisir de faire une visite à ces « inhospitalières » plus belles montagnes du monde selon E. Lorétan. Aussi, en compagnie d’Anne-Sophie et Catherine, nous arpentons le raide versant sud du col de l’Oberberg en vue d’effectuer la traversée jusqu’au col des Moutons. A part une cordée nous qui précède, la montagne est déserte, chanceux que nous sommes. Les grandes difficultés se situent dès le début, ainsi on est vite fixés. La vue s’ouvre sur la suite au sommet de l’Eggturm, on évite le grand pouce par le nord, puis on crapahute sur la pyramide. Ensuite, c’est les Marchzähne et enfin la Glattwandspitze. Terrain jamais trop difficile, mais qui demande toujours vigilance, ne pas se précipiter et risquer de se marcher sur un lacet. Quelques rappels et quelques vires astucieuses permettent d’éviter certaines difficultés. L’ambiance des lieux est magique, comme toujours. Une descente en pâturage, pentue mais facile, nous repose à la voiture après une belle et longue journée. Bravo Mesdames et merci !
Grimpe à domicile 29-30 juin, Week-end escalade OJ section prévôtoise. En lieu et place du granit alpin prévu sur le programme, ce sont les terribles fissures jurassiennes du Vaferdeau qui nous accueillent en ce samedi lourd et orageux. On se lève tôt comme en montagne, pour être à l’ombre, prendre les orages de vitesse et éventuellement passer avant ceux qui auraient eu la même idée que nous, premier arrivé, premier servis, c’est comme ça que ça se passe, où bien ? 4 cordées se forment, 2 pour la Joe Brown, 2 pour la Sensationnelle. Les orages des jours précédents ont laissé quelques taches d’eau, c’est ainsi. Ces passages se protègent un peu mieux à l’aide de friends. C’est plus ou moins cabossés, car ces voies sont loin d’être des balades, qu’on se retrouve les 9 au lieu de pic-nic, fatigués mais heureux ; le climat ressemble de plus en plus à un sauna. Un bon verre sur une terrasse de la capitale plus tard, nous prenons la route du retour au logis, laissant de côté les velléités de camping.
Les Vignettes 22-23 juin, Week-end d’alpinisme avec 6 jeunes gens de l’OJ de Neuchâtel et Milan comme accompagnant. Décisions difficiles à prendre si on tient compte des bulletins, mais finalement, qu’est ce qui est le plus important, se retrouver tous ensemble et vivre un petit truc chouette, ou « performer » ? Aussi, je maintiens ma réservation à la cabane des Vignettes, la gardienne nous annonce que nous serons les seuls ; trop cool, on arrive. Montée dans un relatif beau temps, à 2700m, on sort les cordes et on révise leurs utilisations sur le glacier de Pièce, encore fortement enneigé. Après quelques exercices, ça grésille, il est temps de se mettre à l’abri.
Arche perdue, Pissevache 18 juin Une très belle voie austère que l’on atteint en rappel, sous-entendu qu’il faut remonter. On a trouvé un mousquet de but sur l’un des très rare spits, à la deuxième longueur ; on s’est imaginé la galère de ceux qui l’ont laissé et des griffures qu’ils ont dû subir dans les buissons pour chopper une voie des Dalles à Bornet afin de ne pas devoir tirer leurs cordes jusqu’à l’autoroute. Il s’agit-là d’une escalade sans compromis sur du gneiss dans un mur déversant, à ne pas sous-estimer donc !
Mont-Blanc 6-8 juin, Ça faisait 5 ans que, avec Maurice et Olivier, traînait ce projet Mont-Blanc, reporté tout le temps pour des raisons aussi diverse que variées. Cette fois, un nombre suffisant de planètes était aligné pour bouger, mais pas toutes. Départ de Chamonix à l’aide de l’une des dernières bennes en direction de l’Aiguille du Midi et des Cosmiques. Hélas, les touristes sont de retour, aubaine financière certes, mais quelle plaie tout de même. Évidemment qu’il nous manque des globules rouges, la première nuit à 3600m cogne pas mal, surtout que le refuge est plein. Il est prévu de s’acclimater au Mont-Blanc du Tacul 4247m le lendemain et repérer la suite. Pas question de tenter la grande bosse tout de suite, on ne triche pas avec cela.
Cadarese & Yosesigo Premier jour, il pleut partout, sauf une relative éclaircie en Valais. On grimpe un coup à Brigerbad dans un super mur. Attention, il manque un spit dans « The devil’s right hand », la chute est limite, c’est dommage. 28 mai, après avoir digéré les 6 plats du repas de la veille et dormi à l’albergho Minoli, le soleil brille, on monte à Yosesigo, qui comme son nom l’indique, rappelle une certaine mecque mondiale de la grimpe. Près de 2 heures de marche, chargés de 3 jeux de friends nous conduisent au pied d’un mur fissuré fantastique de 40 mètres avec comme seul équipement en place, les relais à la fin des voies. On se chauffe dans Donna Elena, un 6b où l’on comprend tout de suite la mécanique puis la fabuleuse fissure nommée « Super Simpson » 6c+. Enfin, on s’essaye à « Full metal jacket » un 7b+ de 43 mètres. Il faut croire que la jaquette n’était pas assez chargée puisqu’ Antoine doit redescendre aux ¾ faute de matériel. Je remonte en moulinette avec ce qu’il faut pour terminer la besogne et atteindre le relais. Enchaîner cette ligne serait un beau challenge. Bon, ce n’est pas le tout, l’Italie, ce n’est pas que la grimpe, et ces coincements nous ont donné faim. 29 mai, on visite le secteur trad de Cadarese, 20 minutes de marche, pour des fissures plus courtes que la veille mais terriblement esthétiques aussi. Et c’est très, très, très plaisant de refaire l’amour toujours, 6c ou 7a selon la taille des mains. En bref, cette région, coincée entre Valais et Tessin, est vraiment un must pour la grimpe en granite, et pas seulement trad, il y a aussi plein de coin avec des spits. Topos chez Filidor /Extrem sud, ou le « Clean climbing » du CAS. Les locaux doivent certainement avoir le leur aussi. Et pour montrer les possibilités de l'escalade Trad, voici un petit film intéressant
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