Grandes Jorasses1991: Eperon Walker, en compagnie de René Tschumi, voir les images ici 1995: Le Linceul, avec Xavier Michaud. L'une des seule goulotte en conditions cette année-là, avec 10 autres cordées en prime. 2005: Goulottes Colton / Mac Intyre avec Denis Burdet, récit:
Ces goulottes avaient toujours exercé une certaine fascination chez moi. Mais pendant longtemps, je n’osais pas trop y penser. C’est vrai que les descriptifs font un peu peur, notamment la longueur clé à 90°en glace fine. Janvier 2005, les infos grouillent sur internet: les goulottes seraient en conditions, les cordées s’y succèdent. Mon beau rêve se retrouve « banalisé » en quelques sortes. Comme je déteste la concurrence avec d’autres cordées, spécialement dans ce massif du Mont-Blanc surpeuplé , je me dis qu’il y aurait peut-être mieux à faire. La saison se passe jusqu'à ce que nous ayons de la disponibilité commune avec Denis. Nous sommes en mars et le créneau météo est superbe. Mais au refuge Leschaux, nous doutons un peu. La deuxième moitié semble sèche. Heureusement, notre ami Patrick Gabarrou et ses copains, en partance pour ouvrir « Heidi », nous motivent. La rimaye franchie, nous galopons sur la pente de glace jusqu'à la première goulotte. Cette dernière, en neige dure, se gravit au pas de course. Plus haut commencent les choses sérieuses: la goulotte originale est dégarnie de glace et l’artif nous tente peu. Heureusement, la goulotte de droite « Alexis » semble faisable. Par un beau combat, dans un léger dièdre déversant, Denis sort la longueur au moyen d’une fuite en avant dont il a le secret. Quelle ambiance !! Cette fois nous y sommes pour de bon. Mais le temps passe vite, aussi vite que la glace se fait rare. Un rapide coup d’œil à l’horloge nous indique que nous ne sortirons pas aujourd’hui. Si nous pouvions éviter de passer une mauvaise nuit pendus dans le baudrier et trouver au moins de quoi s’asseoir, nous serions ravis. Par une vilaine traversée à droite, une superbe arête de neige nous permet de tailler deux sièges. Le réchaud brûle, les duvets nous emballent et la nuit se passe à merveille, nous sommes fatigués. La longueur du petit déj' s’avère être la même traversée que la veille. En sens inverse sur 80m, faite de glace mince sur dalles lisses, elle nous mène au pied des rampes de sortie. Par une escalade plus rocheuse que glaciaire, nous grattons du crampon et improvisons des mouvements de dry tooling jusqu’au rocher ensoleillé et rassurant de l’éperon Walker. Nous débouchons au sommet en milieu d’après-midi sous un temps resplendissant. C’est gagné! En plus, nous avons réussi la voie dans des conditions différentes de toutes ces cordées de janvier. Nous pensons tous deux que le plus délicat dans cette voie incroyable fut de s’assurer correctement. Une descente expéditive nous voit échouer au refuge Boccalatte et tôt le lendemain matin, nous savourons des cappucini bien mérités à Planpincieux, en Italie. Galerie photo
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