Tessin, Pizzo d'Eus, Poncione d'Alnasca et Parete d'OsognaLes Big Walls du TessinPizzo d'Eus, "Va pensiero"7b+, 450m, 12 longueurs, 4 janvier 2024 le Pizzo d Eus est une paroi de gneiss tout simplement grandiose nichée dans le val Verzasca. Avec les deux autres citées dans ce chapitre, elle complète la trilogie des plus gros murs tessinois. Si la saison de ski, et de la grippe, a bien démarré, les idées de faire diversions ne manquent jamais. Deux jours de grimpe au soleil, c’est toujours ça de gagné. Pas de bivouac cette fois, la voie devrait passer à la journée, à conditions de ne pas glander. Après avoir pris la température la veille dans les couennes de Someo et passé une bonne nuit à Locarno, au Pardobar, nous sommes, avec Antoine, remonté un bout du val Verzasca. Puis à la frontale, nous avons marché sur un sentier abrupt et sauvage afin de nous retrouver, au levé du jour, au pied du mur impressionnant du Pizzo d’Eus. La voie, 5 étoiles dans le topo, nommée « Va pensiero » nous fait de l’œil sans hésitations. 450m, 12 longueurs soutenues dans le 6 et le 7 ça fait un paquet pour une si petite journée, mais on y croit. Le démarrage est rude, un mur raide en 7b, alors que le soleil est encore caché, ne nous laisse pas le choix si on veut arriver à nos fins ; il est suivi d’un 6b sur des knobs disposés exactement là où il faut. Hélas, au moment de hisser le sac, il ne vient pas. Je m’y colle pour un rappel de 60m, et une remontée de corde fixe, crachant mes poumons, exténué, mais bien réchauffé. Le soleil arrive, il ne va plus nous quitter jusqu’au sommet. Dommage de la perte de temps et d’énergie, nous étions pourtant bien partis ! Néanmoins, nous avançons. L’escalade est délirante, verticale, athlétique ou technique, avec quelques traversées magistrales. Les conditions ne peuvent pas être meilleures, vive l’hiver ! Une vire en pente faite d’herbes couchées et glissantes nous accueille au 8e relais, un bon coin pour manger avant les 4 dernières qui promettent de faire mal. On croise les doigts pour sortir avant la nuit. Les premiers pas au-dessus de la vire doivent probablement être les plus durs de toute la voie. Ils sont suivis d’une fissure, puis d’un mur, puis d’une écaille incroyable. Plus haut, une dalle en friction complique encore un peu la tâche. Une longueur de transition, la seule, mène au pied de la sortie passée à l’ombre. Ce mur raide, un peu glissant et engagé, en 7a, nous permet de sortir, retrouver le soleil qui se couche et savourer un panorama fantastique, seuls au monde. De là, il faut encore crapahuter jusqu’au sommet tout proche afin de trouver le sentier de descente, d’abord enneigé, vive les baskets légères, puis raide. 1000 mètres escarpés à la frontale, qui font chauffer les cuisses, nous ramènent à la voiture, fatigués mais heureux ! Le Tessin hors saison, une bouffée d’air frais pour un plan simplement magique !
Parete d’Osogna, Apriti cielo , 7b+, 1150m, 36 longueurs, 28 et 29 décembre 2015 Des envies controversée, une saison hivernale qui ne démarre pas, du soleil au sud, nous passons le Gotthard. Après tout, il fait beau et chaud, non? Le 27 décembre, en compagnie de Matt (du Doubs, le numéro 25), nous avons portés nos gros sacs (d'ailleurs, une hivernale commence toujours par un gros sac) dans une belle forêt escarpée jusqu’au 20e relais d’Apriti cielo, sur une vire accessible par le côté de ce big wall, En chemin, il a fallu aussi collecté une manne qui devient très rare, l’eau. Puis, après une looooongue nuit (franchement le seul défaut que j’ai trouvé à cette sortie: la brièveté des jours), nous sommes redescendu à pied le 28 jusqu’à la première longueur de la voie. Par soucis de timing, la première partie, difficile, s’est faite en speedant un peu, sans trop s’inquiéter à grimper en libre, pour ne pas devoir terminer à la frontale. Puis, conscients de l’avance acquise, nous avons pu nous relâcher et profiter. Ainsi, nous nous sommes assis au bivouac au couché du soleil, vers 16h… Après au bas mot, 12h dans les plumes sans bouger, la 2e partie, fantastique et moins ardue, s’est offerte à nous le 29 décembre. De plus, nous étions moins chargés que la veille et ce fût un réel plaisir. Une sacrée belle voie, à ne pas sous estimer, où tout les friends mentionnés dans le descriptif ont été utilisés, qui n’est pas sans rappeler, par son ampleur mais le soleil en moins, Baston la baffe.
Poncione d'Alnasca, Via Futura 7c+, 560m, 21 longueurs, 2-3 novembre 2007 Une page du topo du club alpin suisse sorti en 2006 sur l'escalade dans ce canton m'avait accroché: celle d'une voie entièrement libre dans cette paroi plutôt dédiée à l'artif, la via "Futura". Cette dernière a été ouverte en 10 jours de la saison 2004, en solitaire, par Glauco Cugini, l'auteur du topo. Elle a été aussi, à 2 reprises, enchaînée en libre. Nos ambitions étant un peu plus modestes, nous nous sommes contenté de parcourir la voie en 2 jours, avec le plus de longueurs possibles en libre, mais sans nous détruire avant la sortie. Il faut aussi dire que les journées sont déjà bien courtes à cette saison, alors pourquoi se stresser pour sortir la voie dans la journée en étant sur les genoux dans les dernières longueurs? Accompagné de mon frère, nous attaquons le 1er novembre 2007, la montée au fantastique bivouac du scorpion. Le 2 novembre, nous parcourons les 11 premières longueurs de la voie. Par un rappel et les vires, nous regagnons le bivouac. Le 3 novembre, nous sortons au sommet du "Poncione d'Alnasca" dans des conditions de rêves et un splendide panorama sur les Alpes. Un pur bonheur! Voici quelques commentaires pour ceux qui voudront, comme nous, répéter la via "Futura": - La deuxième partie est beaucoup plus jolie que la première. -Il faut souvent placer des friends dans des écailles qui peuvent être branlantes. -Attention à l'arrivée au 4e relais, un énorme bloc semble être parti. C'est sale et instable mais pas très dur, par contre, il ne faut pas tomber. Un tout petit friend peut être utile pour le moral. -Le bloc dangereux mentionné dans la 13e longueur semble avoir été enlevé selon un e-mail reçu le 21.07.2010. Nous n'avons vu personne de tout le voyage, c'était beau et sauvage. Bravo à l'ouvreur et bravo aussi aux cordées qui ont tout réalisé en libre. Pour plus d'informations...Cliquez ici pour commander le topo ci-dessus Galerie photo
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