Pilier sud du Titlis

Un élan majestueux, une proue de navire magnifique dans un site très sauvage et isolé. Voilà les mots qui me sont venus à la bouche la première fois que j’ai passé à son pied lors d’une virée à skis. J’ai rarement vu une ligne aussi esthétique. En plus, elle a été ouverte par des gars de chez moi en 1960, et certains, je les connais bien.

Il est clair que la plus dure voie rocheuse de Suisse des années 60 n’a jamais eu bonne réputation quant à la qualité de son rocher. Il n’empêche que chez les anciens, par ici, même si beaucoup en parlent, peu l’ont réussie.

Sous l’impulsion d’Hugo Weber, une équipe de jeunes, voire de très jeunes grimpeurs a envisagé d’escalader ce pilier. Après quelques repérages et une ébauche d’itinéraire, ils donnèrent l’assaut final et parvinrent au sommet au prix d’un bivouac.

Mais cet itinéraire est resté peu fréquenté et l’on comptait moins de 10 ascensions à la fin des années 80. De plus, avec le foisonnement de voies modernes à disposition non loin de là, il allait tomber dans un malencontreux oubli. Mais dans ma tête, il n’a jamais cessé d’exister.

En septembre 2002, un guide de la région obwaldienne, Roger Christen et un collègue parcourent le pilier avec une perceuse. Ils renforcent les relais. En septembre 2005, enfin, je trouve un jeune compagnon motivé qui se nomme Antonin Guénat. Lourdement chargés, nous poussons la porte du confortable refuge Grassen. Nous y serons seuls durant tout le week-end.

Après avoir court-circuité les deux premières longueurs par la voie « Tumi », nous voici dans la voie de 1960 proprement dite. Nous débouchons rapidement au pied du 2e ressaut très imposant. Par une superbe escalade « jurassik style », nous découvrons ces fameuses longueurs. Tout se gravit étonnament bien en libre, et même si quelques prises bougent, ce n’est pas dérangeant. Le passage clé s’avère être un petit toit triangulaire qui ne devait pas être facile à pitonner. Maintenant, on s’assure à toutes sortes de vieilleries dont la solidité est loin d'être sûre. Mais nos anciens savaient planter les clous et il y en aura toujours un qui tiendra en cas de chute.

Plus tard, nous débouchons au sommet du troisième ressaut par la voie nommée « Incas », une arête délitée et du terrain à chamois conduisent au sommet du Titlis. Quant à nous, nous entamons les rappels par la voie précitée et fêtons notre réussite au refuge décidément bien agréable puisque nous trouvons la cave à vin rouge !! Résultat, nous avons parcouru toutes les difficultés du pilier, sans aller au sommet, en 6h30, en libre et à vue. La difficulté est estimée à 7a maximum dans le petit toit délité de la 9e longueur.

Le lendemain, nous gravissons « Incas », une superbe réalisation des frères Rémy avant de rejoindre la vallée, heureux d’avoir démystifié la légende.


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Y a pas à dire
Y a pas à dire

La ligne est évidente
La ligne est évidente

Premier ressaut
Premier ressaut

Second ressaut
Second ressaut

Antonin, l homme qui
Antonin, l homme qui

m aura accompagné au Titlis
m aura accompagné au Titlis

Relais! Tu peux venir!
Relais! Tu peux venir!

Le passage clé
Le passage clé

Et la longueur suivante
Et la longueur suivante

Aprés l effort, le réconfort!
Aprés l effort, le réconfort!

En automne 2003, ce fût Carine qui m accompagna dans la voie
En automne 2003, ce fût Carine qui m accompagna dans la voie

Tumi
Tumi

Tumi
Tumi

Mais au printemps, c est pas très fréquentable.
Mais au printemps, c est pas très fréquentable.